Économie

Perspectives économiques et boursières : à quoi s’attendre dans les prochains mois ?

Philippe Ledent

Philippe Ledent

Expert economist ING

Avec l’inflation galopante, les tensions géopolitiques, les craintes sur l’approvisionnement énergétique et les hausses de taux, les perspectives économiques globales se sont dégradées ces derniers mois. Quelles sont les perspectives économiques ? Quelles sont les conséquences pour les investisseurs ?

La fin de la crise énergétique n'est pas encore en vue

Grâce à certains facteurs favorables, tels que la météo clémente et la diminution des importations de GNL en provenance de Chine, la pression sur le marché du gaz s'est quelque peu relâchée. Les prix du gaz sont actuellement bien en deçà de leur niveau record d'il y a quelques mois. Pourtant, il est bien trop tôt pour conclure que le pire est passé. Une fois les températures redescendues, la situation pourrait se détériorer rapidement. Le marché du gaz restera également très tendu dans les années à venir. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a récemment mis en garde contre une pénurie de gaz en Europe l'hiver prochain.

Charlotte de Montpellier, Senior économiste chez ING, explique la situation sur le marché du gaz et sur les prix de l'énergie.

Dans l’attente d’un changement de cap

Cette période est marquée par l’attente pour les marchés financiers, qui cherchent à savoir quand et si les banques centrales vont changer de cap.

"Changer de cap" n'est probablement pas le terme correct à utiliser, car cela impliquerait un véritable tournant dans les politiques des banques centrales, alors que ce que les marchés recherchent en réalité, ce sont des signes de ralentissement, voire la fin du relèvement des taux.

Globalement, les principales banques centrales sont toujours confrontées à une inflation élevée et, dans certains cas, croissante, tandis que les signes de ralentissement économique et de récession se multiplient.

Ce qui complique les décisions des banquiers centraux est le fait qu'ils se sont tellement précipités vers la normalisation de leur politique qu'ils ne peuvent pas encore voir l'impact complet de leurs décisions. Il faut généralement au moins six à neuf mois avant que les changements de politique monétaire ne se répercutent pleinement sur l'économie réelle. Ce décalage accroît le risque d’en faire trop.

Dans le même temps, la rigidité de l'inflation au cours des deux dernières années a également accru le risque d’une fin de l’augmentation des taux d’intérêt.

Comme les ralentissements économiques et les récessions imminentes seront plus visibles en décembre, nous nous attendons à ce que les principales banques centrales ralentissent leurs efforts de resserrement et finissent par y mettre fin au premier trimestre de l'année prochaine.

Pour le véritable changement de cap attendu par les marchés, qui consiste en des baisses de taux, l'inflation globale et l'inflation sous-jacente devront d'abord baisser de manière significative, ce qui ne devrait pas arriver avant l’été prochain.

Nos lignes directrices

  • Zone euro : Un temps exceptionnellement doux en octobre et des stocks de gaz bien remplis, combinés à des mesures de soutien gouvernementales dans de nombreux pays, pourraient atténuer la récession hivernale. Nous prévoyons une croissance du PIB de -0,7 % en 2023, après 3,1 % en 2022. Dans le même temps, nous prévoyons que les prix de l'énergie resteront élevés, faisant de l'hiver 2023/24 un nouveau défi économique et politique. La Banque centrale européenne devrait encore augmenter ses taux de 75 points de base d’ici février prochain.
  • Etats-Unis : Le mois de novembre ayant marqué la quatrième hausse consécutive de 75 points de base des taux de la Réserve fédérale, on s’attend de plus en plus à ce que le rythme des hausses ralentisse à partir de décembre, en raison des inquiétudes croissantes concernant la récession. Les risques de récession augmentent, mais c'est le prix que la Fed est prête à payer pour maîtriser l'inflation.
  • Royaume-Uni : Le changement de direction politique, qui s'est accompagné d'un revirement spectaculaire de la politique budgétaire, a contribué à apaiser les inquiétudes du marché concernant la dette du Royaume-Uni. Cependant, une récession reste inévitable.
  • Energie : Les prix du gaz naturel ont subi une forte pression à la baisse en octobre en raison d’un temps plus doux et d'un niveau élevé des stocks. Les marchés européens du gaz resteront tendus et nous nous attendons à une hausse des prix qui, malheureusement, détruira une partie de la demande.
  • Marché des changes : Le dollar s’est affaibli récemment, notamment suite à la baisse des prix du gaz. Nous pensons que la force du dollar peut rester présente jusqu'à la fin de l'année, dans la mesure où le caractère restrictif de la politique monétaire de la Fed se combine à une faible croissance dans la zone euro et en Chine.
  • Taux : Même si l’augmentation des taux d’intérêt à tendance à se ralentir, les taux du marché restent toujours sous une pression à la hausse.

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